Imaginez : quand vous aviez 10 ans, dans la cour de récréation, un voyou bien bâti veut vous casser la figure pour vous prendre vos cartes Pokémon. Il a décidé que c’était à lui… Vous êtes tout maigre et nul en combat. Alors, vous allez voir votre copain qui vous protège depuis toujours et celui-ci vous plante un couteau dans le dos en disant : "Je te protège, mais alors tu me donnes tes cartes Pokémon". Vous voilà contraint de faire appel à un racketteur pour vous défendre d’un voyou.
C’est exactement la position stratégique dans laquelle se trouve l’Europe. Elle fait face à un voyou, Vladimir Poutine, et, incapable de se défendre, nous comptons sur un copain devenu racketteur : les États-Unis de Donald Trump. Au bout du compte, c’est l’humiliation, au milieu de la cour de récréation.
Ursula von der Leyen est au centre des critiques depuis son accord avec Donald Trump sur les droits de douane. Pourtant, à bien y regarder, ses marges de manœuvre étaient minces. D’abord parce que le pouvoir est largement aux mains des États, dont certains, comme l’Allemagne ou l’Italie, voulaient éviter toute escalade avec les États-Unis.
Mais l’autre raison, c’est que l’Europe n’était pas soumise à un simple chantage commercial, mais à un chantage quasiment existentiel. Si l’Europe n’offrait pas une victoire politique à Trump, les États-Unis lâchaient l’Ukraine. Défaite quasiment assurée. Nous payons très cher notre manque de puissance militaire et notre utopie du doux commerce. Il est clair que Donald Trump souhaite avant tout, comme Vladimir Poutine, une Europe divisée qu’il pourra vassaliser économiquement et politiquement encore plus facilement. Et pour cela, la Russie et les États-Unis comptent bien sur le soutien de l’extrême droite. | |