Edito Choisissons des variétés de légumes dont nous pourrons récolter la semence À l’aube d’une nouvelle saison au potager, je termine la lecture des mémoires de Joy Larkcom. Inconnue chez nous, cette grande dame du jardinage est surnommée en Angleterre « la reine des légumes ». Pendant 40 ans, ses ouvrages, ses articles dans les journaux et magazines, ses chroniques à la radio et à la télévision ont inspiré les jardiniers en leur faisant découvrir toute la diversité légumière à cultiver. Dans ce dernier livre, Joy Larkcom raconte son grand périple à travers l’Europe, entrepris en 1976. En Belgique, elle s’arrêta à Wanze, aux Établissements Gonthier. Elle y découvrit nombre de variétés qu’elle ne connaissait pas. « Belgium proved to be a horticultural gold mine » écrit-elle. Qu’est devenue cette mine d’or ? Les Établissements Gonthier dont le catalogue annuel était attendu avec impatience ont disparu, comme tant d’autres semenciers régionaux. Après nombre de fusions et acquisitions, les variétés de légumes sont maintenant aux mains de quelques multinationales. La diversité a fondu, à cause notamment d’une règlementation européenne privilégiant les variétés à grand volume de vente. Dans les jardineries, les présentoirs ne proposent souvent plus que deux ou trois références par type de légume, dont des hybrides F1. Et voici que l’on parle de brevets pour privatiser carottes ou tomates... Nombre d’initiatives veulent endiguer la perte du patrimoine grainier. Partout en Europe, de petits semenciers font de la résistance. Des jardiniers se mobilisent pour sauvegarder des variétés paysannes de légumes. Nous pouvons tous jouer un rôle important. L’association Nature & Progrès propose une formation pour apprendre comment produire soi-même ses propres semences au potager. Des manuels pratiques sortent de presse. Les réunions de partage de semences et les grainothèques se multiplient. J’ai pu bénéficier de graines de la laitue ‘Lorthois’, adoptée il y a un siècle par les maraîchers namurois pour sa résistance aux maladies. Cet été, je laisserai la plus belle de ces laitues monter en graines pour partager à mon tour des semences. Luc Noël |